Résumé
Cette édition donne pour la première fois l'intégralité des Nuits de Paris, avec une ponctuation modernisée et une annotation éclairant l'arrière plan littéraire, historique et social de l'œuvre.
Rétif en a commencé la rédaction en décembre 1786, l'a achevée en octobre 1788, pour les XIV premières Parties. Elle est conçue comme une histoire, celle de la relation entre une marquise apparue un soir à son balcon, la « vaporeuse », et un promeneur, le Hibou, spectateur et acteur de scènes nocturnes de la rue parisienne, philosophe également, car l'oiseau nyctalope est l'oiseau de Minerve, et à ce titre témoin critique de la société de l'Ancien Régime à la veille de la Révolution. Un pacte s'établit entre la marquise et le roturier : celui-ci dispose du pouvoir de la parole (il est conteur, journaliste, satiriste, philosophe), et par là du pouvoir d'arracher la marquise à la langueur de ses vapeurs ; celle-là dispose du pouvoir que donne l'argent. Le Hibou acquiert ainsi une efficience morale et sociale, tandis que la vaporeuse, captivée par les récits et les discours de son visiteur nocturne, reprend goût à la vie. Les Nuits ne sont donc pas une juxtaposition de « tableaux », comme peut l'être le Tableau de Paris de Mercier, mais une histoire, celle d'une alliance entre deux classes sociales, pour soulager la misère, protéger la vertu et améliorer le bonheur de l'homme. Un an plus tard, en 1789, Rétif ajoute une XVe Partie, La Semaine nocturne, puis une XVIe, Vingt Nuits de Paris, en 1793, sous la Terreur. L'Histoire a fait irruption et se mêle au romanesque. Les Nuits sont devenues, plus qu'un témoignage historique, un témoignage politique sur les rapports entre littérature et Révolution.
À tous égards, les Nuits sont l'œuvre la plus originale de Rétif, la manifestation la plus évidente de sa liberté et de sa modernité.