Résumé
Il y avait un livre à écrire, sur les « Dames de la Poste » à la Belle Époque. C'est chose faite. Avec les charmants souvenirs de Cécile Trévou, recueillis par l'écrivain Roger Abraham, nous possédons un témoignage exceptionnel sur le monde de la Poste aux temps héroïques. Le téléphone n'est pas encore installé dans les bureaux de Postes, quand Cécile âgée de seize ans entre dans celui de son petit bourg natal ; on continue à communiquer par télégraphe. Cécile, logée et nourrie par sa receveuse, n'est pas payée, mais que lui importe... Vive et laborieuse, animée d'un immense désir de bien faire, elle s'initie au Morse, vend des timbres, trie le courrier, fait les courses et un peu de ménage. On l'imagine derrière son guichet, en col claudine et catogan, sérieuse et un peu imbue de sa nouvelle importance. Le soir, près du poêle qui s'éteint, elle étudie les cours par correspondance que la Poste envoie à ses apprentis, avant de prendre sa lampe et de monter se coucher dans sa chambre sans feu. Tous les matins, elle... coiffe sa receveuse ! Ce service, pas plus rémunéré que les autres, fait partie de ses obligations. Elle s'y plie sans plaisir, mais être « Demoiselle de la Poste » vaut bien quelques petits sacrifices... Plus tard, quand le téléphone est enfin installé, elle découvre la joie de communiquer à distance avec ses collègues, et de dire « allô » ! « On se prenait pour des Américaines ! » Cécile sera mutée dans d'autres villes plus importantes. Elle devient au fil des années une jeune fille élégante qui fait tailler ses robes et fabriquer ses chapeaux d'après des modèles de Paris. Tôt levée, tard couchée, elle ne compte pas ses heures de travail. La Poste, c'est d'abord être au service de l'État ! « Montée » à Paris, Cécile jeune femme va faire connaissance avec la Poste parisienne, immense fourmilière de femmes en jupes longues et chignons. Téléphoniste, elle découvre avec émerveillement le « théâtrophone », cette vieille invention bien oubliée qui permettait aux usagers d'écouter par téléphone les grandes représentations théâtrales ou musicales. Pour Cécile, la Poste est une grande famille où elle a grandi, et où elle vieillit. Sa mise à la retraite sera ressentie avec l'émotion d'une séparation. Roger Abraham, outre ses activités d'enseignant à l'Éducation Nationale, est l'auteur de nombreux ouvrages. Il a recueilli les souvenirs de Cécile Trévou avec un souci de fidélité et une sensibilité qui font de ce livre un document particulièrement attachant sur une femme, une administration, une époque.