Résumé
Chaque anniversaire de l'Armistice du 11 novembre 1918, nous donne l'occasion d'évoquer la mémoire de nos meilleurs soldats. Nous saluons aujourd'hui celle de Xavier Vallat, dont l'action civique et politique fut exemplaire : il fut un homme de cœur, un contre-révolutionnaire averti et courageux, ainsi qu'un grand Chrétien. En décrivant, avec tant de chaleur et de finesse, le combattant français de la Grande Guerre, il donne aux jeunes gens qui, demain, nous remplaceront, un exemple qu'ils sauront méditer. Xavier Vallat était le fils d'un modeste instituteur public, catholique hautement pratiquant, dont la carrière ne cessa d'être entravée par la haute affirmation qu'il faisait de sa foi. Né le 23 décembre 1891, et avant-dernier enfant d'une famille qui en compta onze, le jeune Xavier fut un très bon élève, passa son Baccalauréat, puis sa licence ès-lettres, et devint professeur dans l'enseignement libre. Il accomplissait son service militaire, lorsque survint la déclaration de guerre d'août 1914. Il était alors caporal, devint officier, fut plusieurs fois cité, plusieurs fois gravement blessé et, finalement, fut amputé d'une jambe. Élu député de l'Ardèche en 1919, et inscrit au groupe des Indépendants de Droite, aux côtés de Léon Daudet et de Le Cour Grandmaison, Vallat se remit à ses études concurrement avec l'exercice de son mandat, passa sa licence en droit et s'inscrivit au Barreau de Paris. Il fut, en 1936, membre du Conseil de l'Ordre. Battu aux élections législatives de 1924 - le dimanche noir ! - il devint, en 1925, l'un des puissants orateurs de la jeune Fédération nationale catholique que présidait le Général de Castelnau, et parcourut la France en compagnie de l'Abbé Bergey, de l'Abbé Desgranges, du Père Doncœur, soulevant des foules immenses contre l'effort insensé d'Édouard Herriot pour introduire en Alsace - et remettre en vigueur dans le reste du pays - les lois sectaires de Combes et consorts. Herriot échoua dans sa tentative. Vallat fut réélu aux élections de 1928, et constamment dès lors jusqu'à la Seconde Guerre. Il fut un député actif, écouté, respecté, et la Chambre du Front populaire le porta à sa vice-présidence au début de 1940. Immédiatement rallié au gouvernement du Maréchal, il occupa - à Vichy - les fonctions successives de secrétaire aux anciens combattants, de vice-président de la Légion dont le Maréchal était président, et de commissaire aux Affaires juives, poste qu'il dut quitter sous la pression des Allemands. Il fut, ultérieurement, sous-directeur aux Affaires étrangères et éditorialiste de Radio-France après l'assassinat de Philippe Henriot en juin 1944. Vallat fut naturellement arrêté dès la Libération, et traduit devant la Haute Cour en décembre 1947. Après des débats tumultueux, qu'il ne cessa de dominer, il fut condamné à dix ans de prison et à l'indignité nationale, peines étonnamment légères dans le climat de l'époque, et qui reflétèrent le vide du dossier d'accusation. Libéré en 1950, Vallat devint, en 1962, directeur d'Aspects de la France, et le resta jusqu'à la retraite qu'il décida de prendre en 1970. Il s'était retiré à Annonay avec sa femme, auprès d'amis fidèles qui l'entouraient des attentions les plus délicates, et s'y éteignit le 6 janvier 1972. Les souffrances qu'il ressentait de ses blessures n'avaient cessé de s'aggraver, et ses dernières années furent continuement douloureuses, sans que jamais il s'en plaignît. Xavier Vallat a beaucoup écrit depuis la fin de la guerre. Il a donné de nombreux articles aux Écrits de Paris, à Aspects de la France, à Ecclesia, et a publié plusieurs volumes de la plus haute tenue : Charles Maurras, numéro d'écrou 8321, où se trouvent rapportées - au jour le jour - ses conversations avec Maurras à la Centrale de Clairvaux ; Le nez de Cléopâtre et Le grain de sable de Cromwell, souvenirs de sa vie parlementaire ; un livre remarquable d'histoire sociale : La Croix, les lys et la peine des hommes, réédité sous le titre La Droite française à la pointe du combat social. Ses souvenirs de captivité - intitulés Feuilles de Fresnes - et ses lettres échangées avec Maurras - sous le titre Les lettres passe-murailles - ne sont pas d'un moindre intérêt. Tous ses écrits donnent de lui une image fidèle. On y découvre sans peine le politique intègre et expérimenté, l'anecdotier spirituel et jamais banal, le grand croyant, le Français intransigeant qu'il sut être. Ceux qui ont eu l'honneur d'être de ses amis, - et lors même que, dans le passé, ils n'avaient pas pris toutes les positions qui furent les siennes - conservent pieusement la mémoire de cet homme de bien, intrépide et loyal. Ils aiment se souvenir de ce Français d'autrefois, passionnément dévoué au double service conjoint de Dieu et de la patrie. C'est un programme « rétro », mais qui dit mieux ? Les jeunes gens d'aujourd'hui auront profit à s'instruire en lisant Vallat, de ce que furent ceux de leurs prédécesseurs, qui se sacrifièrent comme lui de 1914 à 1918, et d'apprendre au prix de quelles vertus ils arrachèrent la victoire. Ils comprendront aussi pourquoi, malgré ses tares démocratiques intrinsèques, ses fautes innombrables, ses innombrables malpropretés, la IIIe République ne sombra pas complétement dans le même gâtisme démagogique où se sont complues les républiques ultérieures. Avec un homme comme Vallat dans ses assemblées, des choses étaient dites - comme elles l'étaient par Maurras et les siens dans la presse quotidienne - dont les gouvernements étaient bien forcés de tenir compte ! Ils comprendront enfin l'absurdité et la légèreté des calomnies dont est poursuivi le régime de Vichy, alors qu'un tel Français fut un de ses grands serviteurs.