Le second XXe siècle

Tous les jours, on nous annonce une nouvelle fusion d'entreprises, une nouvelle concentration financière. Ces grandes manoeuvres donnent au citoyen l'impression d'un gigantisme irréversible des organisations. Et si c'était le contraire ? Et si nous entrions dans une phase de décentralisation et de sécession des Etats, de morcellement des entreprises ? Sait-on que les entreprises de plus de 1 000 salariés ont réduit en moyenne leurs effectifs de 25 % ?

Dans cet essai, à bien des égards paradoxal, Jean-Jacques Rosa montre que le cadre binaire Etat-Marché n'est qu'un trompe-l'oeil. Il s'inspire du conflit qui a marqué l'actualité d'un siècle meurtrier, celui du socialisme étatique (sur le modèle soviétique) et du capitalisme libéral (sur le modèle américain). Mais le dilemme Etat-Marché occulte le choix plus profond, commun à toutes les sociétés, qui fait succéder la production décentralisée passant par le marché à celle qui transitait par de vastes hiérarchies centralisées (les grandes entreprises comme les Etats). La révolution récente des techniques de l'information désormais largement diffusées (Internet, fax, téléphonie mobile, capacités gigantesques de stockage des données et de calcul automatique) détruit l'avantage compétitif des hiérarchies et redonne toutes leurs chances aux petites unités productives et aux échanges individuels sur les marchés.

C'est une mutation décentralisatrice : voici le temps des nations modestes, la liberté de choix, la démocratie - du marché comme politique -, le " world market " et non plus la " world company "...