Le mystère de la chambre obscure
Guillaume Prévost
Résumé
Jules Verne détective
Août 1855. Paris en liesse accueille sa première Exposition universelle et s'apprête à recevoir la reine Victoria. Jules Verne, qui n'a alors que vingt-sept ans, s'efforce tant bien que mal de vivre de sa plume: il écrit du théâtre, des nouvelles, des chansons, mais sans grand succès. Un soir, il accompagne son ami Félix, journaliste au "Populaire", à une séance de spiritisme organisée par le célèbre médium anglais Will Gordon. Des coups de feu éclatent après la séance et Gordon est retrouvé tué de deux balles dans les yeux, un couvercle d'appareil photographique à ses côtés. Jules et Félix commencent l'enquête pour le compte du "Populaire"... Le lendemain, dans l'atelier de l'ébéniste où le médium achetait son mobilier spirite, Jules découvre un nouveau cadavre, tué lui aussi de deux balles dans les yeux. Un appareil de Daguerre est fixé au-dessus du corps, mais la plaque qu'il contient, brûlée par le soleil, semble inutilisable. Deux jours plus tard, c'est un photographe spécialisé dans les portraits de défunts qui est assassiné devant son propre objectif. Puis un imprimeur. Puis une tenancière de maison close... Plus rien ne semble arrêter le tueur. Mais quel message envoie-t-il en photographiant ses victimes? Lancés à ses trousses, Jules et Félix découvrent l'étrange laboratoire secret du marquis de Servadac, les pratiques douteuses de la morgue de Paris et les cérémonies interdites du Père-Lachaise. Et bientôt, derrière le luxe tapageur des grands studios des Boulevards, l'envers du décor de la photographie : reproduction de faux billets, clichés érotiques, épreuves spirites... Tandis que Jules tombe amoureux de Savannah, la sublime petite bonne d'un bordel très sélect, l'affaire se complique: Napoléon III, qui s'apprêtait à remettre le prix de la photographie à l'Exposition universelle, est menacé à son tour. Puis Savannah disparaît. Jules n'a que quelques heures pour empêcher le meurtrier d'achever son oeuvre...
Sommaire
À l'arrière, l'atelier donnait sur une cour entourée des mêmes murs protégés de tessons, avec une cabane au fond et une antique diligence dont l'essieu et les grosses roues mordaient sur la porte ouverte. Jules la franchit en cillant à cause de la lumière. Même désordre à l'extérieur qu'à l'intérieur: tonneaux, restes de caisses, arceaux de métal, ustensiles abandonnés au sol, etc. Il s'attendait à découvrir l'ébéniste mollement allongé dans un coin d'ombre, plongé dans une sieste digestive, mais en contournant la diligence, il dut déchanter. L'ébéniste était bien allongé, certes, mais il ne dormait pas. Il gisait de tout son long, jambes écartées sous son tablier de cuir, mains repliées sur son ventre, deux énormes trous rouges à la place des orbites. Une balle dans chaque oeil, exactement comme Gordon...–; On de ieu!L'homme avait dû être traîné sur quatre mètres environ car on apercevait des marques sanglantes à l'endroit probable où on l'avait abattu, près d'une petite pompe à eau avec une cuvette émaillée sous le robinet. La scène n'était pas difficile à reconstituer: la victime devait être en train de boire ou de se laver les mains lorsqu'elle avait été surprise par-derrière. Elle s'était retournée et avait reçu les deux balles au visage. Ou du moins, une première balle: il y avait un deuxième impact noyé de sang à cinquante centimètres de là, comme si l'ébéniste s'était d'abord écroulé avant qu'on l'achève d'un deuxième coup fatal. Le sang ayant presque totalement séché et l'eau de la bassine s'étant évaporée, le meurtre devait avoir eu lieu il y avait deux heures au moins. Puis l'assassin avait déplacé le cadavre du côté de la diligence. Mais pour quelle raison?Jules regarda autour de lui. Il se sentait cotonneux et pas tout à fait lui-même, comme s'il était absent de son corps et observait le tableau en spectateur. Il aurait dû courir vers le commissariat le plus proche, mais quelque chose le retenait. Pourquoi donc avoir traîné l'ébéniste jusqu'à la diligence? Il repensa furtivement aux nouvelles d'un certain Edgar Poe dont il avait lu la traduction cet hiver dans "Le Pays". L'auteur américain campait un enquêteur parisien, le jeune Auguste Dupin, capable de débrouiller les crimes les plus complexes en s'appuyant sur d'infimes détails. Son intuition et ses capacités d'analyse faisaient le reste. L'imagination n'était-elle pas une forme d'intuition à sa manière, qui, convenablement guidée, permettrait d'obtenir des résultats analogues? Or, Jules avait de l'imagination.C'est alors qu'il la vit. Posée en hauteur sur le siège du cocher et dissimulée en partie par lui, il y avait une sorte de boîte. Mais pas n'importe quelle boîte. Un appareil de photographie comme on les fabriquait une dizaine d'années plus tôt, quand la discipline n'en était qu'à ses balbutiements. Sans être un adepte du daguerréotype, Jules avait eu l'occasion d'examiner ce genre d'appareil. Au début des années 1850 en effet, il fréquentait assidûment Jacques Arago, voyageur aveugle et penseur original, auprès de qui il s'enivrait de récits d'aventures et d'explorations lointaines. Or Jacques était aussi le frère de François Arago, le célèbre astronome, qui avait aidé Daguerre à faire connaître son invention dans le monde entier. On trouvait chez les Arago une exceptionnelle collection de ces appareils et Jules avait eu plus d'une fois l'opportunité de les manipuler. D'une conception rudimentaire, ceux-ci avaient un inconvénient majeur: les plaques qui servaient de support à l'image s'abîmaient facilement dès lors qu'elles restaient exposées trop longtemps à la lumière. Autrement dit, si daguerréotype il y avait, il fallait le récupérer au plus vite...Jules fit le tour de la diligence et grimpa sur le siège du conducteur. La boîte de Daguerre était ingénieusement calée de façon à prendre en surplomb le buste du cadavre. L'assassin avait voulu photographier sa victime!La main tremblante, Jules débloqua le taquet et libéra délicatement la chambre obscure. Celle-ci accueillait bien une plaque sensible, de dix centimètres sur dix environ, mais les sels d'argent dont elle était enduite avaient complètement noirci. La plaque était comme brûlée au soleil, inutilisable. Il n'eut cependant pas le loisir de supputer sur les motivations du tueur : le portail d'entrée se mit à grincer et une voix d'homme s'éleva.–; Dandrieu?Quelqu'un venait.Jules protégea la plaque en la glissant dans son journal et sauta de la diligence. Il roula dans l'herbe et chercha un endroit où se cacher. S'il était pris aujourd'hui avec un second cadavre, c'est à la Conciergerie qu'il finirait sa "Monna Lisa". Et il n'était pas sûr que le Gymnase mette à son répertoire les auteurs emprisonnés !
Caractéristiques techniques
PAPIER | NUMERIQUE | |
Éditeur(s) | NiL éditions | |
Auteur(s) | Guillaume Prévost | |
Parution | 13/01/2005 | 10/07/2014 |
Nb. de pages | 349 | - |
Format | 14.2 x 22.6 | - |
Couverture | Broché | - |
Poids | 454g | - |
Contenu | - |
ePub |
EAN13 | 9782841113163 |
9782841115372 |
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