Résumé
Louche médecin à Lavanda, Medina doit vite abandonner ses activités. Sous la férule de Frieda von Kliestein et du douteux marchand de tableaux Carve-Blanco, il revient à sa vocation première : la peinture. Il exécute des portraits et des nus, notamment d'Olga et de Juanina, deux femmes fascinantes dont il a fait ses maîtresses, quoiqu'il entretienne depuis toujours avec Frieda une liaison violente, cruelle, mais, finalement, constante. Puis Medina quitte Lavanda et le monde foisonnant et ambigu qu'il y avait fréquenté. Il renonce à son art, retourne à Santa María, "sa" ville, dont il a gardé la nostalgie, pour y exercer de nouveau le métier de commissaire, tandis que Frieda, qui l'a suivi, y devient chanteuse de beuglant. Avec eux, encore, Seoane, jeune alcoolique et drogué qui est peut-être un fils naturel de Medina et dont Frieda a fait son amant, par jeu. Un jeu qui s'achèvera dans la tragédie. On ne peut sans doute brosser d'univers plus grouillant d'anecdotes et de personnages, ni plus vivant, plus humain, que celui mis en scène ici par Onetti. Et, si ce monde est interlope et ses fins désastreuses, du moins son auteur lui confère-t-il une singulière et ténébreuse beauté, tout entière à l'image de Santa María, la ville douteuse et corrompue, mais superbe, qu'Onetti a construite pour son cycle romanesque, et qui en est comme le protagoniste principal.
L'auteur - Juan Carlos Onetti
Né en 1909 à Montevideo en Uruguay, Juan Carlos Onetti connaît une enfance heureuse. Il interrompt ses études et exerce de nombreux métiers avant de se consacrer au journalisme. En 1930, il se marie pour la première fois (il se mariera quatre fois !) et s'installe à Buenos Aires en Argentine. Contes et nouvelles commencent à paraître et il publie en 1939 son premier roman, Le puits. Il travaille pour l'agence Reuters, où il restera jusqu'en 1954. En 1950 paraît La vie brève, premier volume du "cycle" de Santa María, une ville mythique aussi cruelle que fascinante, dans laquelle se perd l'homme moderne. Laisson parler le vent clôturera ce cycle en 1979. De retour à Montevideo, il se lie d'amitié avec Luis Batlle Berres, à qui il dédicacera Le chantier, et reçoit en 1962 le prix national de Littérature. Opposant à la dictature de Juan María Bordaberry, il est arrêté et emprisonné quelques mois en 1974, puis relâché après une campagne de protestations internationale ; il part s'installer à Madrid où il collabore au journal El País. Il reçoit le prix Cervantès, la plus haute distinction littéraire en Espagne, en 1980. Malgré le retour de la démocratie en Uruguay, il décide de rester à Madrid et c'est dans cette ville qu'il meurt en 1994.
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