Résumé
Pio Cid, malgré son nom héroïque, n'est rien d'autre, en ce XIXe siècle finissant, qu'un mercanti d'assez bas étage, déçu par la société moderne ¿ mais pressé d'aller faire fortune aux colonies. Les hasards de la navigation le conduisent en Afrique de l'Est. On lui parle d'un mystérieux royaume sis aux lisières du monde connu, où il se rend malgré les mises en garde de ses guides, et dont il finira roi. Armé d'une irrépressible volonté civilisatrice, servi par un sens tout machiavélique de la politique, il décide de réformer ce royaume de Maya"qui lui est confié, persuadé qu'il le conduira au bonheur. Ces réformes ? ¿ L'argent, la poudre, le savon, le travail, la"libération"des femmes... Grâce à quoi en effet les gens de Maya se"civilisent" : en tombant dans les pires travers que Pio Cid s'était, naguère, appliqué à dénoncer en quittant sa triste Espagne... Ce récit fantasmagorique publié en 1897 passe aujourd'hui avec sa"suite"(Les Travaux de l'infatigable Pio Cid, 1898), pour l'un des ensembles romanesques majeurs de la langue castillane."Livre admirable, écrit Jean Cassou, le plus grand peut-être, avec Don Quichotte, de toute la littérature espagnole."Qu'il n'ait jamais été traduit en français à ce jour reste un mystère. Unique par le ton, par la liberté tout ensemble lyrique et sarcastique de son propos, la Conquête est pourtant, à sa façon, l'ancêtre de toute une littérature qui nous est familière et dont l'oeuvre de Gabriel Garcia Marquez figure en quelque sorte l'aboutissement contemporain. Qu'on ne s'étonne donc pas de voir ce livre préfacé ici par Alvaro Mutis, admirable romancier tard reconnu chez nous ¿ et qui fut, il y a une vingtaine d'années, le dédicataire de Cent ans de solitude. Préface d'Alvaro Mutis"
L'auteur - Angel Ganivet
Unamuno, Lorca et bien d'autres considéraient ce dandy malheureux, qui se donna la mort à trente-trois ans dans la lointaine Lettonie (où il était consul d'Espagne), comme le véritable inititeur de la littérature espagnole moderne. Émouvante figure que cet Andalou de Grenade, issu du peuple et monté" à Madrid poursuivre des études de philosophie, égaré dans la carrière diplomatique, et qui n'eut jamais qu'une idée : rendre à la langue castillane, au seuil du XXe siècle, le génie provocateur qui avait été le sien à l'époque de Góngora, Quevedo, Lope de Vega, Cervantes... Ce fut son pari le plus fou