Résumé
Un monde sans Dieu paraît être un constat impossible... un monde sans religion une vision improbable. A l'heure où la place de l'Eglise fait débat, quel espace occupe la représentation du christianisme dans notre société, entre reliquat du passé, questionnement identitaire, transmission de la foi, inexorable mutation de la vie et de la mort, imbroglio de l'espace privé et l'espace public? Car il existe aujourd'hui un entre-deux où se côtoient signes de la religion et signes de l'absence de religion. Cet entre-deux, ce sont les zones industrielles qui accueillent les églises minoritaires, ce sont les commandes en ligne d'objets religieux fabriqués en Chine, c'est l'ostension du Saint Suaire de Turin financée par les grandes marques italiennes. Cet entre-deux, ce sont des autocollants en forme de poisson à l'arrière de voitures de croyants, ce sont les croix en pendentif sur la poitrine de jeunes filles, les visages du Christ démultipliés sur des T-shirts, les «selfies» pris sur le Golgotha et partagés sur Instagram. Cet entre-deux, ce sont les églises et les cathédrales condamnées à être des sanctuaires du tourisme organisé. A l'entrée de Notre-Dame, à Paris, sous une des portes latérales du Portail du jugement, un panneau avertit les visiteurs, à l'aide de pictogrammes, des conditions requises pour pénétrer dans la cathédrale: pas de jambes ni d'épaules nues, tête découverte, sans valise, ni trottinette, chien et nourriture interdits, pas de téléphone, ni de flash ! Ces conditions remplies, chacun est libre ensuite d'entrer pour visiter ou pour prier, et peut-être les deux à la fois. Après s'être inspiré de l'autoroute A9 puis des stations de montagne, L'Imprévisible se donne pour ambition, avec son troisième numéro, de réunir des artistes et des intellectuels pour ébaucher une vision de cet entre-deux, de cette zone grise où les contributeurs de L'Imprévisible se risquent simultanément dans un espace de parole libre. Devant un tel enjeu, le pari de la revue est de susciter le questionnement, de laisser libre court à la création, d'approfondir la réflexion à l'aide d'interviews, de portraits, de photos et de collages, de peinture, de récits, de poésie et d'écriture. C'est une mosaïque, en fait, de contributions variées qui se sont concentrées autour du christianisme. Car il faut bien, quand il est question de religion, qui plus est de religion contemporaine, laisser libre courts aux créateurs.