L'homme de la baltique

Pourquoi ce titre ?... Pourquoi ce surnom ? Nous sommes en 1945, sur le Front russe, en Prusse orientale, les combats sont d'un acharnement féroce sur terre et dans le ciel. L'escadrille Normandie-Niémen, aux côtés des aviateurs soviétiques, livrent à la Luftwaffe ses plus furieux et décisifs assauts, en particulier à la fameuse escadre de chasse allemande Moelders, célèbre par sa qualité et le courage de ses pilotes. Le 27 mars au matin, par un froid encore rigoureux, au-dessus de la lagune du Frisches Haff et de la Baltique, face à Kœnigsberg, un gigantesque combat aérien met aux prises plus d'une centaine d'avions de chasse allemands d'une part, français et russes d'autre part. Dans le ciel glacial, déjà des avions flambent, des parachutes s'ouvrent, des pilotes touchés - aux avions désemparés - plongent mortellement vers les eaux sinistres. L'un d'eux, le capitaine François de Geoffre, du Normandie-Niémen, atteint par la rafale d'obus d'un FW 190 ennemi, son Yak en flammes, saute en parachute et tombe en mer Baltique. Resté accroché plus de quinze heures à un madrier, il sera sauvé miraculeusement de la mort par une patrouille d'infanterie soviétique. Deux mois plus tard, au cours d'une prise d'armes solennelle pour la victoire, à Moscou, dans le grand Théâtre de l'Armée Rouge, le maréchal Novikov, commandant en chef de l'Armée de l'air soviétique, lui épinglant sur la poitrine l'Ordre du Drapeau rouge, s'adressa à lui en ces termes : « Voici l'homme de la Baltique »... Huit ans ont passé. Que sont devenus les rescapés de cette glorieuse escadrille ? Qu'ont-ils fait depuis leur retour en France ? Et l'homme de la Baltique, qu'advint-il de lui depuis le 20 juin 45, date désormais historique consacrant pour toujours le retour à Paris, au Bourget, des survivants du Normandie-Niémen ? En écrivant ce récit, François de Geoffre répond à ces questions. C'est le livre de ses aventures d'après-guerre, au cours des huit années qui ont suivi la fin des hostilités. On y sentira l'extrême difficulté de la réadaptation au soi-disant temps de paix, problème douloureux pour ceux qui sont revenus du combat après plus de trois ans d'absence, face à des civils ou à des militaires qui les jugent, et les commandent désormais. Drame intime, obscur, toujours amer, cruel très souvent, glorieux quelquefois. Que vont-ils faire ? Comment vont-ils s'adapter face à cette vie de routine - moins exaltante - de tous les jours ? Comment les chefs et les gens qu'ils rencontreront réagiront-ils vis-à-vis d'eux ? Le Normandie a-t-il été, ou non, un tremplin de départ dans leur nouvelle vie ? Autant de problèmes, autant de réponses. Au travers de ses aventures, de Geoffre fera revivre la vie de beaucoup des survivants. Au fur et à mesure que l'action se déroulera, plus de quinze pilotes, hélas ! tous anciens rescapés du Normandie, trouveront la mort. L'homme de la Baltique vous fera connaître la vie des tout premiers stagiaires d'Air-France en 46, tous anciens pilotes de guerre, indifféremment de la chasse, du bombardement et de la reconnaissance, face aux anciens de la Ligne. Il vous dévoilera l'ambiance et l'atmosphère dans laquelle travaillent les pilotes des compagnies privées. Puis en Indochine, comme pilote civil, vous vivrez avec lui dans ce calme trompeur et sanglant, sous un climat lourd de menaces des grandes plantations de caoutchouc. Dégoûté et las des hévéas, des trusts, et de leurs maîtres, il revient à bord d'un transport de troupe en passager clandestin vers la France, d'où il s'embarque vers d'autres horizons plus fabuleux : l'Amérique du Sud et le Venezuela, le pays du pétrole, de l'or et des diamants. Il ne fera pas fortune, bien au contraire, et ce « vagabond du ciel », éternel voyageur, pour fermer la boucle, ira aux sources du souvenir, en U.R.S.S., où il revivra, huit ans plus tard, de Stalingrad à Smolensk, de Moscou à Minsk en Biélorussie, le chemin parcouru pendant la guerre avec son escadrille... Ainsi, sur les routes du monde, de France, d'Indochine, du Venezuela et d'U.R.S.S., vous vivrez les aventures de l'homme de la Baltique, et connaîtrez la grande destinée - cruelle et glorieuse - des survivants du Normandie-Niémen.