Résumé
On sait que chacun des romans qui composent Une histoire vraie est complet et se suffit à lui-même. On sait aussi que la série des ouvrages que Stephen Hudson a ainsi intitulée constitue l'histoire complexe d'une famille qui évolue dans le monde qu'on appelait
autrefois "cosmopolite", et que l'auteur en a publié divers éléments dans un ordre non conforme à l'ordre chronologique. Après Le Prince Chénevis, Elinor Colhouse, Richard Kurt et Myrte, voici donc L'autre côté, où le principal personnage de cette suite que Marcel Proust admirait tant, Richard Kurt, est représenté dans sa première jeunesse, plein de candeur mais non sans malice, d'une sincérité désarmante. Son père -le pater, comme il dit - au lieu de lui faire poursuivre ses études à Oxford, l'envoie en Amérique - une Amérique sans gratte-ciel, sans autos, au temps de la grande expansion industrielle, une Amérique brutale, certes, mais qui a pour nous le charme du passé et des choses désuètes. Richard Kurt doit y potasser, auprès de son oncle, l'administration des grandes compagnies de chemins de fer (alors en plein essor). Il travaille, sans enthousiasme, mais il découvre surtout un pays nouveau, des moeurs nouvelles, s'y adapte tant bien que mal (que de scènes d'un délicat humour nous y sont racontées !), se laisse entraîner à des amours violemment charnelles avec une étrange et belle prostituée, Pearl, refuse de "faire des dollars", se dévoue pour ses amis, choisit ces derniers parmi les non-conformistes, bref il en fait tant, et toujours avec tant de bonne grâce, que son oncle consent à le réexpédier de "l'autre côté", c'est-à-dire en Angleterre.