Dans la froideur d’une nuit moscovite, le camarade Toulaév, un apparatchik de haut rang du Parti communiste, est abattu en pleine rue. L’enquête commence et la machine bureaucratique du parti-État enclenche ses rouages. Les suspects, arrêtés et interrogés les uns après les autres, sont pris dans les mailles d’un filet qui étend ses ramifications jusqu’à Paris et Barcelone. Ces inculpés n’ont en commun que l’innocence du crime dont on les accuse.
Construit autour d’un fait historique réel (l’assassinat de Sergueï Kirov et les purges qui suivirent dans l’URSS des années 30), ce roman démonte la terrifiante logique des grands procès staliniens. Autour du « grand chef », centre d’une gigantesque toile d’araignée policière, il brosse le portrait de tous ceux qui, courageux ou lâches, seront broyés par l’enquête autour de l’assassinat de Toulaév.
Avec ce roman rédigé en 1939, Victor Serge a signé l’un des plus forts récits jamais écrits sur les procès de Moscou et les purges staliniennes, dont il offre ici une fresque complexe et belle malgré sa noirceur, celle de la comédie humaine d’un État totalitaire, d’une révolution trahie qui dévore ses propres enfants.
Victor Serge, de son vrai nom Viktor Lvovitch Kibaltchich (1890-1947), né en Belgique de parents russes réfugiés, milite à Paris au début du XXe siècle dans les mouvements anarchistes avant de rejoindre Moscou et de participer à l’Internationale communiste. Plus tard, il animera l’opposition de gauche antistalinienne. Incarcéré et exclu du Parti communiste, il finira sa vie en exil au Mexique. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, romans, essais…