Résumé
Avec le luxe d'imagination indispensable à toute transposition d'une vérité probable, l'auteur nous conte l'aventure de quatre navigateurs venus de la Grande·Îlle et débarquant un jour sur le rivage inconnu de la Neusterre, le long du profond estuaire de la SeuIle. Les navigateurs se nomment Éloi, Jachée, Hildevert. Leur chef, Quande, vêtu d'une tunique blanche, découvre qu'il s'agit de l'île de Bancboue, limoneuse et sauvage, dont le peuple est encore tout entier livré aux rites des plus anciens cultes païens. Mais Quande est là pour répandre la parole de Dieu. Sa réputation s'affirme bientôt. Après la mort du druide local, le souverain de la Neusterre, Insigne III, dit le
Bon-Homme, rallié à la foi de Quande, lui offre l'île de Bancboue afin d'y fonder les assises de sa religion. "Et du temps s'épandit, et du temps s'écroula", dit l'auteur à plusieurs reprises. Car les deux principaux personnages de cette histoire burlesque, savoureuse et
violemment poétique sont : l'île de Banchoue et le Temps. L'île, proie constante, à travers les siècles, des convoitises humaines, tour à tour, en raison du jeu des marées et des lunaisons, s'élargit ou se morcelle, et se transforme en presqu'île rattachée au continent de Neusterre ; en se civilisant, elle devient le centre incandescent de passions sociales et religieuses, à l'ombre de l'Abbatiale de Saint-Quande chargée de perpétuer la mission de son fondateur, et finit par s'engloutir définitivement dans la mer. Il fallait, pour rendre véridique une fable aussi puissante, la richesse d'une écriture à la Raymond Queneau. Il fallait aussi une réalité historique savamment assimilée. Au long de son récit foisonnant de personnages qui semblent tous issus des vieilles légendes celtes ou de vitraux romans, Jean Queval s'impose au lecteur ravi et convaincu.