Résumé
Le présent recueil est le deuxième livre de Silvia Baron Supervielle que publient les Éditions Arfuyen. Le précédent ouvrage, Après le pas, a paru en avril 1997.
Dans Le Monde, Patrick Kéchichian saluait ce recueil en ces termes : « Silvia Baron Supervielle parvient, dans une poésie extrêmement épurée, à adoucir les angles et le tranchant de ses mots brefs, de ses vers taillés au plus juste... C'est toujours d'une part obscure et douloureuse, d'une violence secrètement subie que la délicatesse parvient, ici, à triompher » (13 juin 1997).
De Silvia Baron Supervielle, les Éditions du Seuil ont donné en 1998 un admirable récit autobiographique, La Ligne et l'ombre, qui l'a fait découvrir d'un plus large public. Un nouveau récit, La rive orientale, est à paraître également au Seuil en février 2001. Les poèmes de ce nouveau recueil ont été écrits par Silvia Baron Supervielle dans les mois qui ont suivi un deuil.
Dans une première version, ce recueil avait pour titre Reædificare, titre qui indiquait bien le sens de cette nouvelle entreprise : « reconstruire », quand la mort avait vidé toutes choses de leur réalité. Recréer un espace vivable, habitable.
« La maison, écrivait Gaston Bachelard, est un corps d'images qui donnent à l'homme des raisons ou des illusions de stabilité » (La Poétique de l'espace). Rien d'étonnant que, cherchant les fondements d'une renaissance et d'une nouvelle stabilité, la méditation de Silvia Baron Supervielle se soit spontanément orientée vers les images de la maison.
La composition d'Essais pour un espace est directement liée à la lecture de l'imposant traité de l'architecte romain Vitruve, Sur l'architecture. Ce traité en 10 volumes, écrit au 1er siècle avant J.- C. , est le seul ouvrage d'architecture qui nous soit parvenu de l'antiquité.
Méditation d'un espace qui toujours est « à bâtir » : « les reflets / rapides / d'un réseau / décrivent / un espace / à bâtir. » Espace, cependant, qu'aucun poème, aucune architecture ne peut saisir : « ni mur ni fenêtre / ni toit // seul le seuil / sous l'arcade / inachevée ».
Méditation d'un espace habitable qui toujours nous reconduit à celle d'un autre espace, l'espace du souvenir, l'espace intérieur : « plus j'égare / la mémoire / plus je garde / ce souvenir / inhabité ».