Résumé
"Il y a d'abord dans cette poésie le paradoxe des choses, ce qui est, ce qui n'est pas, ce qui est de l'ordre de l'étendue coutumière de l'existence et ce qui en elle s'obstine à s'échapper. Ces gestes, ces corps, ces matières, ces pensées, ces moments de tension, ces naufrages, ces élans, ces souffles, sont comme des haltes où respirent la conscience de soi, les tremblements de la vérité et de la faillibilité de la présence. Jamais l'amour ne va sans blessure, sans lucidité, sans lucidité blessée. La poésie est ici le produit d'une éthique de l'acquis et du perdu, de l'ensoleillé et de l'endeuillé ; une exigence impérieuse de véracité s'y manifeste dans le mouvement de ce qui peut être dit dans un monde difficilement habitable. Les rives sont nombreuses, les chemins aussi. Le halètement des interrogations est là pour marquer la nature du regard et l'implacable aventure humaine où en vérité on sait peu, où le perfectible est une idée frêle du possible. Il ya là dans ce recueil l'éternelle division entre l'accompli et l'inaccompli, entre le familier et l'étranger, entre ce qui se voit dans l'irruption des vies et ce qui reste intangible dans l'épaisseur du réel. L'auteur cherche certainement une poésie douée de lucidité qui ne compense rien, qui abolit la sécurité métaphysique et libère le regard sur le monde, sur les signes de son propre séjour, procédant par questionnements, par périples, par pensées rêveuses, par inflexion des voies ; dans une espérance sans appui, mais soucieuse de la beauté des incertitudes, de l'intranquillité combien humaine. Il subsiste constamment et finalement une grande imperfection et c'est là où recommence l'existence, ses actes poétiques, son essor éclairé."
Hassan Wahbi