Résumé
En 2013, les « manifs pour tous » ont incontestablement constitué l'opportunité historique de faire choir le système sur ses bases. Plus d'un million de personnes s'emparèrent du parlement ultime, la rue. Las. L'occasion fut alors cruellement manquée d'allumer le baril de poudre d'un « Mai-68 » à l'envers, soit une véritable contre-révolution politique et culturelle à l'instar de ce que préconisait Joseph de Maistre, en son temps : non pas faire une révolution contraire, mais le contraire d'une révolution. En 2015, ce même million battait le pavé en scandant un débilitant « Je suis Charlie », célébrant, à son corps défendant, les antivaleurs génétiquement modifiées d'un journal qu'une confidentielle poignée de soixante-huitards attardés achetait encore. L'implacable torpeur dans laquelle nos contemporains se trouvent plongés par une trop longue accoutumance télévisuelle associée à un décervelage antiraciste des plus corrosifs, les a mentalement et psychologiquement désarmés, démobilisés, dénudés. Détruits. Il est un triste fait que nos compatriotes, engoncés dans la défense consumériste et égoïste de leurs acquis sociaux, éprouvent, en dépit de belles mais sporadiques intentions, de réelles difficultés à s'affranchir des évangiles de la pensée unique, pour oser, enfin, monter sur les barricades et jeter loin les pavés. Si nos institutions, comme nos peuples, n'étaient pas si corrompues, les attentats qui mortifièrent notre pays eurent dû, à tout le moins, entraîner la chute du gouvernement dans son entier. Mais, il en va des peuples comme des Etats. A l'avachissement des uns correspond, immanquablement, l'amollissement des autres. Les masses et les « élites » ont rendu les armes, tous s'étant glissé, par habitude ou résignation, sous l'édredon moelleux mais trompeur de la « démocratie de confort ». Bref, tous ont fait le choix de la médiocrité.