Résumé
Résumé :
La production et la circulation des céréales occupèrent le premier plan des débats économiques et politiques de la seconde moitié du 18e siècle ; dans ces vastes débats le rôle de l'État dans l'organisation du commerce des blés fut central : fallait-il conserver, voire renforcer, l'État organisateur et régulateur ou laisser agir les lois du marché libéré de toute intervention publique ? Voltaire, avec une ironie mordante souligna cet engouement qui s'empara de la bonne société pour la cause du commerce des grains : Vers l'an 1750 la nation française, rassasiée de vers, de tragédies, d'opéras, de romans, d'histoire romanesques, de réflexions morales plus romanesques encore, et de disputes théologiques sur la grâce et sur les convulsions, se mit enfin à raisonner sur les blés (« Questions sur l'Encyclopédie », article Blés). Parmi la foule d'ouvrages, articles et pamphlets consacrés à cette grande question se trouvent les noms les plus prestigieux de l'époque : Laverdy, Turgot, Quesnay, le marquis de Mirabeau, Dupont de Nemours, Necker, Condorcet... Au milieu de ce gigantesque débat, le livre publié par Galiani fit date. D'abord parce que personne n'ignorait la part que Diderot et Madame d'Épinay avaient prise dans la rédaction finale de l'ouvrage. Mais celui-ci occupa d'emblée une place majeure dans le débat en raison de sa forme dialoguée qui en rendait la lecture aisée, tout autant que par les positions prises par Galiani. En effet l'auteur, fort de l'approbation de Diderot et de d'Holbach, prenait position ouvertement contre le dogme de la liberté illimitée du commerce des blés, y compris à l'exportation. Paru en janvier 1770 le livre de Galiani fit l'effet d'une « bombe » aux dires des observateurs. Paru quelques années avant le ministère Turgot et la « Guerre des farines », ce classique de l'économie politique était devenu introuvable en librairie, sa dernière réédition française date de 1984, dans la collection Copus philosophique des éditions Fayard qui ne comportait aucun appareil critique. La présente édition, introduite et annotée par Philips Stewart vient ainsi combler une lacune.