Résumé
Le désastre de mai 1940 a marqué l'inconscient collectif français. Une armée, forte de ses victoires passées, se voyait écrasée - en quelques semaines - par les forces obscures de la plus terrible dictature engendrée par l'Homme. Aujourd'hui encore, la question demeure douloureuse, les faits guidant parfois nos concitoyens vers un mépris affiché d'eux-mêmes et de leur patrie, doutant de leurs capacités à préserver la démocratie. À l'inverse de la littérature des années 50, où chaque Français se doublait d'un Résistant, les années 80 ont bâti l'image du Français collabo, d'une armée de lâches, voire de pro-nazis. À tous ceux-là, on ne peut que conseiller la lecture de cet ouvrage. Henry-Claude Buret a vécu l'affrontement direct avec la Bête, a participé à ce choc de notre vieille IIIe République, et du royaume de feu et de nuit de Hitler. Point de patriotisme militant déplacé, point d'esprit de revanche, ou de jugements à l'emporte-pièce. L'auteur nous montre ici les pièces du puzzle d'une armée (ici armée de l'Air), qui vont entraîner sa perte. Dès les premières pages, il nous éclaire sur les carences irréparables, les incompétences, les compromissions. Et le lecteur comprend que ce conflit ne pouvait être gagné par la France depuis les premières minutes de la guerre. Qu'il avait été perdu auparavant, par la construction de la Ligne Maginot, par l'incompétence et la corruption du loby militaro-industriel. Et si la bataille de France fut un désastre, Buret en connaît les responsables : pas le peuple de France, pas ces aviateurs affrontant les oiseaux de proie de la Lutwaffe, sur des machines souvent désuètes, pas ces simples fantassins, ou ces tankistes perdus, armes à la main, dans l'océan mécanisé des blindés de la Wermarcht ou de la SS. La guerre fut perdue par la folie des politiques de droite, de gauche, se berçant - depuis des années - d'illusions pacifistes, multipliant les choix de matériels désastreux et, au jour du combat, par un haut commandement incapable. Le peuple français devrait, plutôt, se remémorer les sacrifices innombrables, les as de son aviation saignant à blanc la flotte de Goëring, l'affaiblissant gravement (ce dont devraient se souvenir nos alliés britanniques, car l'armée de l'Air française, par son action, les aida certainement pour la future bataille d'Angleterre). L'auteur sait nous guider près de tous, sans grades de l'entretien technique, as entr'aperçus en plein ciel, luttant à 1 contre 10, soldats d'un pays agonitique, plongés dans le cauchemar construit par ses « élites ». Son livre représente un témoignage de premier ordre des efforts individuels, sans donner pour autant dans la grandiloquence. Dans un style varié, adapté aux multiples situations, ironiques ou héroïques, Henry-Claude Buret nous redonne une joie simple : savoir et faire savoir à nos descendants, que la République française et ses fils ont tenu tête au monstre nazi.