Résumé
Le plus moderne et aussi bien le plus archaïque des totems réglant, implacables, la vie fragile des hommes : tel est le Chiffre, héros véritable, mystérieux et terrible, de ce recueil de trois nouvelles, le premier ouvrage de Guénaël Visentini. On suit d'abord avec Vania, le destin d'un ancien homme d'argent, bourgeois devenu résistant communiste et ayant ainsi, pour l'heure, semblablement vécu de ruptures et de choix décisifs, puis dans Cinq - le texte donnant son nom au recueil - celui d'un mathématicien fiévreux s'affrontant un soir à ses hôtes, dans un château où plane encore le souvenir terrifiant de vivisecteurs humains au service du Progrès, quand l'Encyclopédie de Diderot bénissait ce genre de pratiques. La dernière nouvelle - YBBS - évoque un aventurier réveillant, à l'aube de la dernière guerre mondiale, par sa seule arrivée au coeur d'une vallée perdue et oubliée, une sauvagerie des plus lointaines, soudain en phase avec l'Histoire et ses massacres... Cinq frappe d'emblée par la résonance inhabituelle de son écriture, l'impression singulière, et mêlée, qui s'en dégage, à la fois d'une parfaite maîtrise et d'une délicate nostalgie. Sa violence troublante, sa douceur d'étrangeté et d'inquiétude, la tension s'y manifestant toujours entre grâce, chute et nécessité concourent à faire de ce livre un petit chef d'oeuvre, et de sa publication, un événement Il avait chaud, « froid » c'était une manière de sentir tout à l'heure. Ou bien le vin. Des mots, enchaînés comme des perles, de frêles diamants sur fils d'or. Ce doigt, que voulait-il ? La fin. 00. Tout de suite. Ce serait, bien dit, mieux dit : il vit ce doigt brandi sur sa vie, elle avait été de quoi ?, et pourtant ils furent là... petit Kekkonen. Viele, hanté par ces voix, tout retourné par ce long songe au chiffre inconnu, avait été débusqué, coupable.