Résumé
Pas de dessin, pas de perspective. Que ce soit formes, harmonie, rythmes et contrastes, tout est généré par la couleur. Notre cerveau ressent un plaisir quand l'assemblage des tons du tableau coïncide avec notre structure interne, provoquant une identification à quelque chose de plus grand que nous.
En trente ans d'efforts, Cezanne est arrivé à peindre dans un état de conscience où il suivait son cerveau, sans maître, sans technique. C'est une spiritualisation. Il n'invente pas, ne modifie pas, n'imagine pas. Il simplifie, structure, protège du temps. Il est plus solidaire du tableau que du motif. Puissance de l'édifice, puissance du contraste, qui donnent à voir ce que nous n'apercevons pas sans lui : Un monde impersonnel, universel, monumental. Sept de ses chefs-d'oeuvre sont commentés ici. Il a révolutionné profondément la notion de beauté, et déclaré qu'il n'y a pas d'art sans émotion. L'observation de l'art de quelques civilisations permet de mieux cerner ce mot d'émotion : Paléolithique, Égypte, Grèce, Art roman, et Cezanne lui-même. L'émotion y gagne une définition intime, précise, sereine, participative.
Le spectacle donne de l'émotion, l'art prend de l'émotion et rappelle que l'art est le propre de l'homme.
Né en 1943, Michel Deleuil est ingénieur chimiste retraité. Passionné d'histoire et d'art, il a lu tous les grands commentateurs. Il s'est consacré au XVe siècle et à Cezanne. Habitant Gardanne, il a pu étudier les transformations que Cezanne impose aux motifs, pour simplifier, ordonner, et mettre en avant la couleur. Il regrette que l'on fasse de Cezanne un objet commercial, et tente de rétablir l'homme vrai.