Résumé
Shéol est le troisième volet d'une tétralogie (Ce nom sans écho), qui constitue une traversée du siècle « de la naissance d'Israël à celle de l'État palestinien ». L'action a débuté (cf. La Brigue et le Talion) durant la Guerre d'Espagne, avec un détour par l'ancien royaume de Grenade et l'extermination des Musulmans par les rois catholiques, auquel se mêle le souvenir de l'expulsion des Séfarades, deux traumatismes majeurs des relations euro-méditerranéennes. Dans Les faussaires, Judith entreprenait d'accomplir la mission posthume que lui avait confiée son père, en conclusion de La Brigue et le Talion : échanger son immense fortune contre la création d'un État juif, avec le soutien du gouvernement américain. 1944. Judith Penuel, protagoniste principal de la tétralogie, a choisi - envers et contre tout - de rester en France, aux environs de Grenoble, avec ses deux enfants. Elle reçoit un jour la visite d'un officier allemand, qui prétend être en réalité un agent britannique infiltré au sein de la Gestapo. Il l'informe qu'elle est recherchée par les autorités nazies, à la fois pour ses origines juives, et pour le meurtre de Francisco de Deza (voir La Brigue et le Talion), et se propose de l'aider à fuir le pays. Judith lui expose un autre plan : elle se rendra à l'ambassade d'Espagne à Paris, et échangera sa liberté contre sa fabuleuse collection d'œuvres d'art - achetées quelques années auparavant à un receleur syrien (voir Les Faussaires). Tous deux se mettent donc en route et, à l'occasion d'un incident d'apparence anodine, le récit emprunte deux directions divergentes, se poursuit selon deux possibles enchaînements des événements, à la manière d'un jardin aux sentiers qui bifurquent, pour reprendre l'expression de Borges. Le lecteur est successivement invité à suivre chacun de ces chemins virtuels, tandis qu'un soupçon naît peu à peu dans son esprit : et si les deux récits n'étaient qu'un même et vaste délire de Judith ? Dans ce labyrinthe textuel - par ailleurs d'une parfaite lisibilité - le lecteur retrouvera des noms et des thèmes d'une singulière actualité : Paul Touvier, ou le destin incertain d'un pays appelé Yougoslavie... mais aussi, et surtout, le talent si particulier de l'auteur pour les jeux de masques et les faux-semblants. Rodrigo de Zayas excelle une nouvelle fois à mêler histoire et fiction, de même que, pour l'occasion, vérités et contre-vérités romanesques. Il persiste à retourner les parchemins des chroniques officielles, pour en révéler l'envers clandestin. La trame secrète d'événements - parmi les plus importants de ces cinq cents dernières années - chute du royaume de Grenade, guerre civile espagnole (La Brigue et le Talion), Shoah, naissance d'Israël (Les faussaires), Seconde Guerre mondiale (Shéol) - apparaît alors.