« l'accumulation par dépossession » en territoire de masisi (nord kivu, rd congo)

Le processus de la dépossession et du génocide (both « colonial genocide » and hegemonial genocide», Scott Strauss, 2001) en Territoire de Masisi (Nord-Kivu, RD Congo) a été déclenché par l'administration coloniale belge en 1928 avec la création, du Comité National du Kivu (CNKI), « 'le mangeur des terres » selon l'UNAKI/Union des (colons) Agriculteurs du Kivu). Entre 1928 et 1973, il n'existait pas des conflits fonciers majeurs en Territoire de Masisi. Ceux-ci sont nés et se sont développés à partir de 1973, date de la promulgation de la loi foncière qui faisait de l'Etat mprien le propriétaire exclusif du sol et du sous-sol, du lancement du programme de l'élevage bovin au Nord-Kivu et de la mise en place des mesures de la zaïrianisation qui créaient des conditions propices à la culture de spéculation au détriment du travail productif. Alors que les conflits des années 70 et 80 portaient sur l'empiètement des terrains entre voisins et des spoliations des lopins des terres, ceux des années 90 et d'au-delà sont des luttes pour la conquête des espaces verts et de peuplement, conquête qui passe par la purification ethnique. En d'autres mots, cette étude plonge le lecteur, la lectrice au cœur du mouroir de Masisi : près de 9 décennies (1928-2016) de dépossession et d'asservissement dont le pic est le contexte de guerre imposée par le couple NRA/ FPR depuis mars 1993. En même temps, elle lève le voile sur les enjeux politiques et démographiques qui se profilent derrière la ruée des seigneurs de guerre sans frontières sur les ressources locales, notamment les terres et les mines. Prof. Stanislas Bucyalimwe Mararo, historien rdcongolais en exile en Belgique