Résumé
Roman humoristique soucieux de poser un regard critique sur notre mode vie, Sonnante et titubante adopte un ton décalé pour mettre en exergue, à travers les yeux d'un narrateur pétri de certitudes, les dérives de notre modèle sociétal : ultra-individualiste, ultra-capitaliste, ultra-libéral, ultra-connecté. Sans pour autant le renier (car il lui permet malgré tout d'y trouver sa place), le personnage principal tâche d'en dénoncer les errements, d'exposer ses convictions et de les défendre. Il est cependant davantage dans les paroles que dans les actes car ce système qu'il dénonce lui convient bien : difficile de vivre de ses convictions !
« Mon aversion pour notre société trouve sans doute sa genèse dans mon éducation bourgeoise, catho, propre et lisse. Les bonnes manières ont pourri ma jeunesse, faisant de moi, le binoclard chétif, une cible de choix pour les brutes qui fréquentent les cours de récré. J'en ai pris plein la gueule tout en fermant la mienne, la bienséance inhérente à ma classe sociale m'interdisant toute riposte (...). Il m'a fallu attendre l'adolescence pour mettre un terme à cette intenable situation et commencer à m'affirmer (...). Mon insubordination, mon inadaptation au système scolaire, mon incapacité à raisonner comme les autres, ma tendance anarcho-nihiliste, m'ont fermé les portes de ce modèle supposé récompenser le mérite. Puis la musique m'a sauvé. Elle m'a sorti de mon mal-être pubère et m'a offert la possibilité de m'exprimer sans filtre, sans retenue, sans interdit. J'ai choisi la batterie parce que, d'abord, ça fait un boucan d'enfer et que ça faisait chier ma voisine. Ensuite parce que ça en impose. Surtout dans le rock...
...J'étais devenu un pitoyable consommateur compulsif. Tous mes équipements informatiques, dessinés en Californie mais fabriqués en Chine par des crève-la-dalle, étaient marqués d'une jolie pomme croquée. Mes téléphones et ma tablette aussi. Télé, home cinéma, consoles de jeux, fringues griffées, je ne me refusais rien, goûtant sans modération aux plaisirs presque sexuels de la surconsommation (...). Je ne valais pas mieux que ces petites starlettes impudiques s'exhibant dans des émissions de télé-réalité et sur Twitter, Facebook, Snapchat ou Instagram. Il me restait tout de même encore assez d'orgueil pour m'interdire de vendre ma vie privée à ces « réseaux sociaux », qui n'ont de social qu'une épithète mal employée. »