Qu'est-ce qu'un mythe?

René Girard - Collection La petite collection blanche

96 pages

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Résumé

« Selon la théorie mimétique, les mythes font état d’un phénomène de désordre très contagieux qui trouve son point culminant avec la mort ou l’expulsion d’une victime. La surenchère dans la rivalité mimétique à laquelle les sociétés archaïques sont enclines donne lieu à toutes sortes de troubles avant d’aboutir, par son intensité même, à une polarisation unanime contre une victime plus ou moins arbitraire. La communauté entière, mimétiquement galvanisée, se ressoude étroitement, ce qui met fin aux soupçons réciproques et ramène la paix. Je prends bien entendu le mot « bouc émissaire » au sens moderne du terme, nécessairement différent du sens rituel du Lévitique qu’implicitement, il démystifie. Personne ne songerait à accuser les persécuteurs en leur retournant les arguments qu’ils emploient contre leurs propres boucs émissaires. On ne saurait s’attendre à ce qu’ils battent leur coulpe et proclament à haute voix : « Notre victime n’est qu’un bouc émissaire ». Quand on croit avoir affaire à un processus victimaire, on ne peut vérifier directement si les soupçons sont fondés ; on ne peut se fier qu’à des indices indirects. Les mythologues sont obligés eux aussi de tabler sur des indices indirects. Dans les mythes les plus faciles à analyser, ceux sur lesquels j’ai porté et porterai encore toute mon attention sont au nombre de quatre : La présence d’un thème de désordre ou d’indifférenciation. . La présence d’un certain individu reconnu coupable de quelque faute. L’identification du bouc émissaire, souvent facilitée par ce que j’appelle les signes victimaires préférentiels. Le coupable, tué, expulsé, ou éliminé d’une manière ou d’une autre. A titre d’exemple, je prendrai un mythe très transparent que j’analyserai du point de vue mimétique. Ce mythe est emprunté au Venda, un peuple d’Afrique du Sud. » René Girard .

L'auteur - René Girard

René Girard, membre de l'Académie française et professeur émérite à l'université de Stanford, est l'auteur d'essais traduits dans le monde entier : Mensonge romantique et vérité romanesque (1961), La Violence et le Sacré (1972), Des choses cachées depuis la fondation du monde (1978), Je vois Satan tomber comme l'éclair (1999) et, plus récemment, Les Origines de la culture (2004).