L'état de la France

Pour autant, si la France est globalement apparue « aller mieux », les Français sont restés critiques et leurs exigences se sont affirmées à l'égard de l'État. Plusieurs raisons pouvaient expliquer cette attente. Tout d'abord, les marges de manoeuvre nouvelles permises par la croissance. Elles ont suscité des demandes de redistribution. Ensuite, les conséquences durables, pour une fraction significative de la population, des brisures sociales engendrées par le chômage de masse. L'état de la société ne saurait en effet être mesuré par les seuls indices économiques. Enfin le début du XXIè siècle aura été marqué, en France et dans l'UE, par une véritable psychose concernant la sécurité des aliments. Nourries par le légitime souci de la qualité de l'environnement, mais aussi par les peurs engendrées par certaines crises sanitaires, ces attitudes traduisent elles aussi une exigence de garanties.

La perception des mutations internationales a par ailleurs souffert de l'attentisme constaté dans la réforme de l'Union européenne et dans la préparation de ses élargissements. Au moment où une nouvelle étape délicate de l'Union monétaire se profilait (la généralisation de l'euro), cette frilosité a rendu moins crédible la capacité de la construction européenne à « civiliser la mondialisation », laissant par là même un large espace aux contestataires radicaux.

C'est dans ce contexte que se sont profilées les échéances électorales de 2002, les enjeux politiques structurels et conjoncturels se mêlant dans les préoccupations de la classe politique, au souci de peser sur l'opinion et les représentations des électeurs. Les élections municipales de mars 2001, qui n'étaient pas considérées sur l'agenda politique comme une étape décisive et dont il est fait ici un bilan détaillé, à la fois national et pour chaque région, ont montré à quel point, dans cette période charnière, le comportement des citoyens pouvait être complexe et inattendu.

L'état de la France, qui appréhende les changements qui affectent la France d'aujourd'hui dans leur cadre réel, à la fois national et européen, permet de saisir les différents enjeux de la période qui s'ouvre en tenant compte non seulement des faits, mais aussi des représentations.

Cet ouvrage replace les transformations les plus récentes dans le cadre d'évolutions de plus long terme, de tendances de fond. Il se distingue en cela des bilans annuels factuels, des chronologies commentées et autres compilations de presse. Il entend en effet aider à prendre du recul et se veut complémentaire des autres sources d'information, en particulier de la presse écrite et audiovisuelle.

L'état de la France doit son grand succès et sa réputation flatteuse aux compétences des auteurs qui y collaborent: sociologues, économistes, géographes, politologues, "tes, démographes... D'innombrables études de grande qualité sont en effet réalisées chaque année dans les domaines les plus variés, qui éclairent chacune tel ou tel aspect des transformations du pays. La plupart de ces travaux connaissent malheureusement une diffusion restreinte, qui dépasse rarement le cercle des spécialistes. Pourtant, leurs contenus sont susceptibles d'intéresser un public beaucoup plus large, si leurs auteurs acceptent de les rendre plus accessibles. C'est sur ce pari éditorial que repose L'état de la France. À sa rédaction sont en effet associés des chercheurs issus de très nombreux observatoires, centres d'études et instituts de recherche parmi lesquels l'IRES, le CEVIPOF, VOFCE, la DARES, l'INED, le CREDES, l'ENSP, le CNRS, la FNSP, l'INSEE... Aux lecteurs de juger le résultat.

Sommaire

• Enjeux et débats.
• Modes et conditions de vie.
• Culture et éducation.
• Régions et territoires.
• Radioscopie de l'économie.
• Etat et politique.
• La France, l'Europe, le monde.