L'ennemi au siècle des Lumières
De l'incorporation monarchique à l'activisme révolutionnaire
Stéphane Mouré - Collection Histoire du droit et des institutions
Résumé
L'examen de la notion d'ennemi fait apparaître ce paradoxe singulier dont les termes essentiels s'impriment sur la trame de l'événement révolutionnaire : d'un côté, les hommes des Lumières ont en horreur la guerre et son cortège d'atrocités ; de l'autre ils se plaisent à promouvoir des idéaux ou des aspirations à partir desquels la Révolution conçoit la nécessité d'une mobilisation générale. Pareil élan inaugure une époque qui voit le surgissement du soldat citoyen, ou plutôt du citoyen activiste auquel le sans-culotte brandissant la pique donne une réalité de chair et de sang.
En insistant sur la Cause à défendre, celle du peuple, de la justice, de la liberté ou de l'égalité, ces masses mobilisées, leurs porte-parole plus ou moins autoproclamés, ruinent les catégories du droit mises à l'honneur par le Jus publicum Europaeum : référence à l'ennemi juste des deux côtés ; neutralité du tiers ; équilibre des puissances ; analogie de la guerre et du duel ; personnification monarchique de la violence légitime.
Aussi l'ennemi, en tant que concept central du jus belli, est-il le témoin infaillible de ces bouleversements de grande ampleur. Il ramène les constructions intellectuelles, les abstractions normatives ou les exposés théoriques à cette épreuve de force que constitue la fondation de la République. Cette expérience d'une démocratie tout ordonnée au temps de l'exception fondatrice tranche avec la rationalisation étatique de l'âge classique. Une telle intensité de vie collective résulte de ces enthousiasmes disposant chacun à embrasser sans réserve la Cause, déclarée sainte ou juste (justa causa).
La Révolution se présente alors comme un conflit d'un genre inédit : elle exalte l'énergie de la vertu par laquelle les hommes devenus citoyens s'approprient démocratiquement leur destinée au point de rompre avec l'idée d'une guerre paritaire où ne se rencontrent en effet que des justi hostes. Si défaite il y a dans cette perspective d'une actualisation de l'hostilité révolutionnaire, c'est d'abord celle des "droits ennemis" (Jean Bodin) en tant qu'instituteurs d'une conscience déterminée par cette irrévocabilité de la condition politique, à ce titre imperméable aux injonctions du moralisme humanitaire propre à la Philosophie en laquelle travaille l'espérance d'une régénération non seulement de l'ordre public mais de l'homme.
L'auteur - Stéphane Mouré
Stéphane Mouré, chercheur en histoire du droit à l'université Paris II.
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Sommaire
- Introduction - L'horreur des corps
- Préliminaires - L'expérience du conflit
- La politique des Lumières
- Chapitre Un - L'âge de la critique universelle
- Chapitre Deux - Le pouvoir de l'opinion publique
- Chapitre Trois - La relève du politique
- La montée du pacifisme
- Chapitre Un - La sagesse des rois
- Chapitre Deux - La protestation
- Chapitre Trois - La pacification des relations internationales
- Chapitre Quatre - La perspective d'une paix perpétuelle
- Conclusion - La querelle des anciens et des modernes
Caractéristiques techniques
PAPIER | |
Éditeur(s) | Mare et Martin |
Auteur(s) | Stéphane Mouré |
Collection | Histoire du droit et des institutions |
Parution | 31/01/2013 |
Nb. de pages | 766 |
Format | 15 x 21 |
Couverture | Broché |
Poids | 988g |
Intérieur | Noir et Blanc |
EAN13 | 9782849340820 |
ISBN13 | 978-2-84934-082-0 |
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