Mais, au fait, pourquoi l'assurance aurait-elle besoin d'un
dictionnaire ? Son langage serait-il si abscons qu'il
exigerait d'être décrypté à l'aide d'un manuel spécial ?
Serait-il si inintelligible qu'il faudrait comme un
touriste à l'étranger, consulter régulièrement un de ces
petits dictionnaires de poche pour comprendre l'autre ?
C'est évidemment exagéré. Le langage de l'assurance n'est
ni pire ni meilleur que tout autre vocabulaire
professionnel. Il a ses raisons, ses justifications, ses
traditions, son histoire, son jargon technique, ses «
faux-amis », ses obscurités, mais aussi sa fermeté, sa
rigueur, ses certitudes, sa clarté, son bien-fondé... Il
est vrai que quelques tenues peuvent paraître déroutants.
Qu'est-ce donc que cette police » qui est non pas « de la
route », mais « «assurance » ? Cela vient de l'italien «
polizza » au sens de certificat ou de contrat. Qu'est-ce
donc que « prime » qui, au lieu d'être une sorte de
récompense, est la somme à payer à l'assureur ? Cela tient
de l'anglais « premium » au sens de prix. Les origines des
opérations d'assurance ont laissé leur trace au plus
profond du langage professionnel. Faut-il s'en séparer
parce qu'ils n'ont pas le sens commun, et paraissent
archaïsants ? Rien n'est moins sûr; il suffit de le savoir.
Mais mis à part ces singularités, quels sont les termes qui
font problèmes ? Il y a ceux qui traduisent des opérations
techniques ou financières complexes (telles que: «
provision mathématique », « valeur de rachat »,) qui
nécessitent une explication du mécanisme en jeu. A cela
s'ajoutent des sigles, des locutions raccourcies, quelques
idiomes, qui ne parlent qu'aux initiés. Il y a ceux, enfin,
qui sont empruntés au vocabulaire juridique, car
l'assurance se traduit par un écrit, un contrat rédigé (en
principe) selon les canons du droit régi par ses règles
générales et celles spécifiques du Code des assurances. Ces
termes juridiques, pourvu qu'ils soient employés à bon
escient, ne devraient pas donné lieu à des difficultés
majeures de compréhension. L'ennui c'est que la rigueur
fait parfois défaut. Au vrai, c'est sans doute l'ignorance
ou, en tout cas une connaissance approximative, de notions
et de règles, somme toute élémentaires, qui sont à
l'origine de ce que l'on prend pour une obscurité.
Aussi bien l'auteur s'est-il efforcé, dans le cadre d'un
volume volontairement restreint afin qu'il soit aisément
accessible, de ne pas se limiter à la simple signification
des termes, mais de fournir aux utilisateurs de
commentaires assortis de références permettant s'il y a
lieu, d'approfondir une question.
Il se trouvera certainement des esprits chagrins,
quelques professionnels tatillons ou certains juristes
sourcilleux pour regretter telle facilité, critiquer tel
raccourci, regretter telle omission...
L'éditeur en a pris le risque ... l'auteur aussi.