Résumé
De la partition sur la page médiévale à la partition d'opéra prise à la source du lyrisme courtois, en passant par les expériences poétiques qui associent le corps à la voix, le mot à l'image, cet ouvrage met en évidence des filiations peu connues entre les avant-gardes poétiques du second XXe siècle et des corpus poétiques médiévaux.
Collaboratif, ce livre réunit des médiévistes et des contemporanéistes, et propose quatorze analyses de cas pour approfondir l'histoire de la poésie visuelle et sonore. Le livre est organisé en trois chapitres ; le premier, « Partitions poétiques, poésies sonores », explore conjointement la façon dont la poésie, de l'époque médiévale à l'extrême contemporain vit hors du livre, transite par les voix et les corps, et la manière dont les supports (manuscrits, livres, revues, rouleaux, partitions, disques, cassettes...) gardent la mémoire et la trace de ces performances.
Le deuxième chapitre, « Les yeux des oreilles : poèmes à voir », se concentre sur la poésie visuelle, dans la longue durée. Du brocard de soie perdu, brodé par la poétesse chinoise du IVe siècle Su Hui, aux œuvres typographiques et tissées de Josef et Anni Albers, en passant par les dessins, rébus et calligrammes des copistes médiévaux, les différents supports accueillent de multiples jeux de lettres, de formes, de formats et de signes qui font de la poésie un terrain d'expérimentations graphiques.
Enfin, le troisième chapitre, « Ut poesis musica : scènes courtoises contemporaines », confronte deux opéras récents qui s'emparent de légendes attachées à des troubadours et font littéralement revenir deux poètes médiévaux sur le devant de la scène - L'Amour de loin de la compositrice finlandaise Kaija Saariaho sur un livret d'Amin Maalouf et Written on skin de George Benjamin et Martin Crimp.
Pour réfléchir au lien entre mémoire et performance, poésie et expérience, mais aussi geste critique et invention, le livre s'ouvre aussi à la parole des poètes et des artistes : y figurent trois entretiens, avec les poètes Michèle Métail et Vincent Barras, dont des extraits d'œuvres sont offerts à la lecture, ainsi qu'avec le metteur en scène Benjamin Lazar, au sujet de sa mise en scène par temps de confinement de l'opéra Written on skin.