Résumé
Tino Rossi est probablement la plus grande star française. Plus de 300 millions de disques vendus de son vivant, 24 films dont il a la vedette (chaque film est prétexte à le voir chanter, on peut les considérer comme des clips vidéos grand format, les recettes sont telles qu'on considère que Tino a sauvé le cinéma français de l'immédiat après-guerre), 4 opérettes. En 1938, Vieni Vieni est numéro un au plus important hit-parade américain, The top tune of the week, 38 semaines durant, la Twenty Century Fox lui fait un pont d'or, Laguardia, le maire de New-York, organise à son arrivée une soirée à El Morocco en son honneur. Tino a la beauté de Rudolph Valentino, déchaîne les passions et l'hystérie des femmes (« Sa voix portait sur le sexe des femmes », m'a confié Jacqueline Delubac). On peut comparer les mouvements de foule qu'il provoque, les comportements extravagants des femmes qu'il suscite, fin des années 30, à ce que déclenchera la Beatlemania dans les années 60. Tino Rossi est le héros d'un roman-vrai. Famille pauvre, les Rossi (le père est un modeste tailleur) et leurs huit enfants vivent dans trois pièces sans eau courante ni électricité. Il appartient à une génération dont le premier luxe est de manger à sa faim (la guerre de 14 a provoqué une saignée sans précédent et asphyxié l'économie). La Corse est isolée. Paris est loin. Tino Rossi est probablement la plus grande star française. Plus de 300 millions de disques vendus de son vivant, 24 films dont il a la vedette (chaque film est prétexte à le voir chanter, on peut les considérer comme des clips vidéos grand format, les recettes sont telles qu'on considère que Tino a sauvé le cinéma français de l'immédiat après-guerre), 4 opérettes. En 1938, Vieni Vieni est numéro un au plus important hit-parade américain, The top tune of the week, 38 semaines durant, la Twenty Century Fox lui fait un pont d'or, Laguardia, le maire de New-York, organise à son arrivée une soirée à El Morocco en son honneur. Tino a la beauté de Rudolph Valentino, déchaîne les passions et l'hystérie des femmes (« Sa voix portait sur le sexe des femmes », m'a confié Jacqueline Delubac). On peut comparer les mouvements de foule qu'il provoque, les comportements extravagants des femmes qu'il suscite, fin des années 30, à ce que déclenchera la Beatlemania dans les années 60. Tino Rossi est le héros d'un roman-vrai. Famille pauvre, les Rossi (le père est un modeste tailleur) et leurs huit enfants vivent dans trois pièces sans eau courante ni électricité. Il appartient à une génération dont le premier luxe est de manger à sa faim (la guerre de 14 a provoqué une saignée sans précédent et asphyxié l'économie). La Corse est isolée. Paris est loin. Tout est loin. Une voisine cartomancienne prédit pourtant la célébrité de Constantin... Sa mère voit ça comme un mauvais présage (son extraordinaire réussite est inimaginable). C'est à Marseille (où il a commencé à chanter en amateur mais aura connu « 36 métiers ») que sa vie va basculer : « Mon père était arrivé de Corse. Nous marchions rue Saint Ferréol, je vois une pancarte dans la vitrine d'un marchand de disques : Enregistrez votre voix. » Dans la boutique, il y a un représentant des disques Parlophone... « Vous savez, il y a une destinée. Moi, j'y crois. Pourquoi suis-je entré dans ce magasin enregistrer ma voix ? Pourquoi ? Je n'avais aucune raison d'ordre professionnel, je n'imaginais même pas que ça pourrait m'être utile. Dans mon esprit, j'avais commencé à chanter, il s'agissait de faire un disque pour que mon père l'emporte en Corse et le fasse écouter à ma mère. » Tino Rossi est mort voici 30 ans (26 septembre 83). Les quelques ouvrages qui lui ont été consacrés n'obéissaient qu'à des exigences de promotion. Aujourd'hui, entrer dans son destin est devenu impossible : les années Tino Rossi se sont tellement éloignées de nous, la plupart des acteurs comme des témoins ont disparu. J'ai eu la chance de grandir à Ajaccio, alors que tout était encore présent. Puis, naturellement, l'envie d'aller à sa rencontre. Ses amis d'enfance, ses frères, le compagnon des débuts à Aix-en-Provence, le concierge du Casino de Paris en 34, Jacques Metehen le chef d'orchestre de l'opéra comique qui dirige les premiers enregistrements chez Pathé Marconi, Loulou Gasté, un des premiers guitaristes d'accompagnement, Paulette Zevaco, l'assistante de Vincent Scotto, Jacqueline Delubac, Madeleine Sologne, Viviane Romance, Ginette Leclerc, Micheline Presle, Jacqueline Pagnol (...), Pierrette sa fille, Laurent son fils, Lilia son épouse, Tino Rossi enfin (longs entretiens) m'ont permis de vivre la légende de Tino. Une déambulation dans le temps aussi. Me restait à percer cet autre mystère : l'oubli.