Résumé
Odissea est un livre de photographies qui explore l'enfance et l'imaginaire, à travers un travail photographique de 7 années.
Lorsqu'on est enfant, on a hâte de grandir. On voit le monde adulte comme une finalité, le moyen de gagner en autonomie,
de ne plus suivre les diktats des grandes personnes pour décider par soi-même. S'habiller en cosmonaute pour aller chez la
pédiatre, pêcher des poissons plus gros que soi, croire que tout est possible... Le meilleur comme le pire malheureusement.
Dans une épopée tumultueuse, on hisse les grandes voiles pour traverser cet océan de vie avec en point de mire le passage à
l'âge adulte, celui de toutes les promesses, où l'interdit n'existe plus, où les rêves se réalisent et où la lune est une destination
tout à fait envisageable. Pourtant, cette odyssée pleine de péripéties aura raison de nos rêves.
Au bout de ce long voyage, sur la rive des adultes, on voudra faire marche arrière, retomber en enfance, retrouver
l'insouciance. Mais nos souvenirs d'enfant se seront étiolés et le chemin se sera effacé. Alors il faut consigner, photographier,
cartographier cette odyssée pour ne pas l'oublier. Pour ne pas oublier qui nous étions : des enfants qu'on a pressés de
devenir des adultes amnésiques.
Le projet Odissea a commencé en 2016, quelques mois avant que Sarah Bouillaud donne naissance à son fils. Avec
l'impression de vivre quelque chose de très banal et en même temps d'extraordinaire, elle a voulu partager et transmettre
cette aventure. « J'ai senti que mon compagnon, mon fils et moi nous embarquions vers de nouvelles contrées, dans un
voyage à trois sans retour possible. Il m'a semblé évident de commencer à faire des images.»
Odissea part du microcosme familial, d'une expérience intime et personnelle pour rejoindre un concept universel. L'auteure
raconte à sa manière l'enfance qui échappe à nos souvenirs, à travers un album de photographies de sa famille entre réel et
imaginaire. « Au départ bien sûr, il y a une envie très personnelle et intime de laisser à mon fils un témoignage, des traces de
cette période dont probablement il ne gardera que quelques souvenirs.»
Mais en commençant à photographier au tout début de ce projet, et en regardant ses photographies à postériori, il lui est
apparu que l'image photographique seule était insuffisante. Qu'en « réalité » il se passait beaucoup plus de choses, comme
s'il y avait deux ou trois mondes parallèles dans la même scène. Il y a son regard d'observateur, ses projections de mère, mais
aussi et surtout le regard de l'enfant sur le monde qui l'entoure.
À travers ce travail, elle a eu envie de comprendre comment grandit son enfant, de revivre avec lui ces nouveaux mondes qui
s'ouvrent peu à peu et de le transmettre, car encore une fois, on oublie. L'enfance est un temps qui évoque aussi bien la joie,
la lumière, la fête - tout y est vécu dans l'émerveillement des premières fois - que la détresse et la noirceur.
Dans Odissea il y a bien sûr l'idée de rêver, de fantasmer l'enfance, parfois de la magnifier pour se souvenir de ce terrain
connu mais lointain que l'on a quitté sans l'avoir choisi. Une aventure poétique, entre joie et tempête, interrogations et
euphorie.
Sarah Bouillaud est photographe et illustratrice. Elle est diffusée par l'agence Hans Lucas depuis 2015. Spécialisée dans le
photomontage, elle partage mon temps entre des commandes d'illustration pour la presse (La Croix, LIbération, L'humanité,
Le Monde, etc.), des ateliers de photographie et des projets personnels.
Son travail est régulièrement exposé et projeté : Festival Les Rencontres du 10e, Festival Les Voies Off à Arles, Brussel
Foto Festival 05 au Hangar Art Center, PhotoFair de Shangai, Little Big Gallery, Festival Phemina à Fontainebleau.