Résumé
À Florence, Christiane Klapisch-Zuber a trouvé l'émouvant souhait d'un supplicié. Il demandait que l''on peigne dans l''église d' Or San Michele "une image du Bon larron, afin que celui-ci prie Dieu de montrer à son égard, lors de son dernier souffle, la même miséricorde qu'Il eut pour un voleur et par laquelle cevoleur devint un bienheureux". Dès lors, l'historienne a mené une longue et minutieuse enquête sur celui que la tradition nomma Dismas : le brigand crucifié aux côtés de Jésus et à qui Jésus lui-même affirma : "Ce soir tu seras avec moi au Paradis".
Réunissant une documentation et une iconographie exceptionnelles, Christiane Klapisch-Zuber lie de manière neuve la représentation du Calvaire par les artistes au bouillonnement théologico-politique de la fin du Moyen Age en Italie et en Allemagne. C'est l'époque de la rupture entre le catholicisme romain et la Réforme autour des thèmes de la grâce, du pardon des péchés et de la rédemption. À ce conflit spirituel correspond un profond changement dans le fonctionnement de la justice civile et l'administration des peines - dont la violence spectaculaire va croissant. Ces bouleversements sociaux interagissent avec d'importantes mutations dans l'art de représenter, de mettre en scène et de vivre ce qui fait le cœur du christianisme médiéval et renaissant : la mort, la descente aux Enfers et la résurrection du Christ - le salut dans la chair, par l'incarnation.
L'auteur - Christiane Klapisch-Zuber
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Sommaire
La première partie – " Entre Orient et Occident " – présente le personnage du Bon larron tel qu'il apparaît dans les Évangiles. L'auteure s'attache ensuite au développement des traditions, le plus souvent issues des apocryphes, qui peu à peu lui donnent un nom (Dismas) et fixent les premières représentations graphiques ou picturales. " Les chrétiens d 'Occident et leurs artistes introduisirent à la fin du Moyen Âge des innovations capitales dans ce qu'ils avaient reçu de l'Orient, permettant ainsi la promotion d'un nouveau regard sur les larrons de la Crucifixion ". L'évolution de la spiritualité et de la sensibilité – ainsi que des rapports neufs à l'image jouent un grand rôle dans ces inventions.
La deuxième partie – " Où voyait-on les larrons ? " – s'intéresse aux " expériences sociales, individuelles et collectives, qui ont encadré l'émergence de la figure iconographique du Bon Larron ", notamment l'administration de la justice et les exécutions. Apparaissent des confréries de la " bonne mort " chargées d'assister les suppliciés en leur présentant le modèle du Bon Larron, le malfaiteur sauvé. Cette " imitation " de la Passion se fonde aussi sur une transposition méticuleuse de la topologie des Lieux Saints et du chemin de Croix dans les réalités locales de la vie quotidienne (vie paroissiale, vie urbaine).
La troisième partie – " Les peintres et Dismas " – montre comment " entre XIVe et XVIe siècle, les peintres de Crucifixions ramènent la Rédemption universelle signifiée par la mort du Christ au niveau de l'individu pécheur. Ils reportent l'attention des fidèles sur le salut des malfaiteurs en tant qu'individus, en tant qu'âmes pécheresses dignes d'intérêt " tout en invitant chaque croyant à s'identifier à ce larron qui fut sauvé, malgré ses crimes. La représentation de la crucifixion et du Calvaire " s'enrichit ainsi d'une dimension doloriste qui fait écho à l'insistance sur les souffrances du Christ et à l'imitation de celles-ci par les dévots de la fin du Moyen Âge, en particulier par ceux qui les avaient plus directement éprouvées sur les Lieux saints ".
La quatrième partie – " Vers la sainteté " – analyse l'évolution des rapports entre l'imitation du Christ, dont la dévotion se répand, et l'" imitation des larrons " qui fait écho aux débats toujours plus vifs sur la grâce, la pénitence et le salut. " Les idées nées des Réformes sont-elles à l'origine de l'amplification du personnage et de ses nouvelles expressions iconographiques ? Expliquent-elles sa promotion et sa sacralisation, sa montée sur les autels catholiques, symétrique de sa descente vers les limbes ? Accompagnée d'un intérêt croissant pour ses reliques et par les discussions des clercs autour de son hagiographie, la vénération dont il fit l'objet en maints endroits de la chrétienté a-t-elle ainsi parachevé la longue gestation par où il devint une icône autonome ? ".
Au fil des trois siècles qui fixèrent le personnage du Bon larron, conclut l'auteure, " les artistes ont dégagé Dismas de la figure suppliciée et douloureuse enfermée dans le cadre sanglant du Golgotha. Celui qui fut pour les Franciscains et resta pour les Jésuites le meilleur passeur vers la bonne mort put alors grimper les marches des autels, être offert dans sa vérité humaine comme une image convaincante de la promesse de salut faite au moindre croyant. Anges et diables avaient été éliminés au XVIe siècle, mais leur leçon restait : point de salut sans la foi. Nul mieux que le Bon Larron ne l'avait enseigné aux malheureux conduits à la potence. Nul mieux que lui, dans ses derniers avatars, n'a témoigné des questionnements et des compromis de l'époque des Réformes. "
Caractéristiques techniques
PAPIER | |
Éditeur(s) | Alma éditeur |
Auteur(s) | Christiane Klapisch-Zuber |
Parution | 08/10/2015 |
Nb. de pages | 383 |
Format | 17 x 22.1 |
Couverture | Broché |
Poids | 886g |
EAN13 | 9782362791604 |
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