Guide du Routard : Banlieues de paris 2003

La banlieue ! Que n'a-t-elle charrié de maux sur son dos cabossé par trop de clichés sur-médiatisés ! La banlieue, pour le tout venant, n'est pas une désignation géographique, mais un gros mot, une masse informe et impalpable, un bouillon d'inculture, une hydre à douze têtes, tout ça poussant sur le terreau d'une nouvelle délinquance, rebaptisée " insécurité "... et on en passe et des plus dures, à coup sûr.
Tout de même bizarre que, passé les portes de " la plus belle ville du monde " on se retrouve, à en croire certains, dans un " no man s life " d ou seule la délinquance émerge d'un océan d'ennui (ça, c'est de la formule!). Paris attire des dizaines de millions de touristes chaque année, qui sont immédiatement conquis par la capitale avant même d'avoir marche dans la première crotte de chien. La banlieue, quant à elle, charrie son lot quotidien d'images de détresse. À croire qu'aucun train n'arrive jamais a l'heure au-delà du périphérique !
Alors on a chaussé nos Pataugas de trekkers urbains, d'ethnologues en herbe d'indécrottables curieux, pour essayer de poser un regard différent, décalé un peu oblique sur cette curieuse notion de banlieue, véritable fourré-tout qui, étymologiquement, ne se définit que par ce a quoi elle se raccroche, telle une moule ou autre arapède.
Partir explorer la banlieue n'est pas encore entré dans les moeurs de I'homo touristicus. Dommage, ou plutôt tant mieux, ça prouve qu'il reste des espaces aux explorateurs. Et ce qui frappe tout d'abord, c'est la diversité La banlieue est multiple (on hésite à dire plurielle, ça fait ringard). Véritable manteau d'arlequin, patchwork étonnant qui pète parfois un peu aux coutures série de plaques tectoniques, dont les frictions sociales sont autant de sonnettes d'alarme pour des acteurs qui sécrètent souvent leurs propres réponses : animation de rue, groupes de rap, vocabulaire de reconnaissance lieux alternatifs, rencontres diverses... plus quelques voitures brûlées. Et son architecture? Disparate, belle, hétéroclite, colorée, incohérente, triste contradictoire, écrasante... les édifices qui jalonnent une rue de banlieue racontent une étonnante histoire, souvent chaotique, toujours poignante. La mémoire de ses pierres, c'est la mémoire de ses gens. Varies et riches !

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