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Gloire et misère de l'image après jésus-christ
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Librairie Eyrolles - Paris 5e
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Gloire et misère de l'image après jésus-christ

Gloire et misère de l'image après jésus-christ

Olivier Rey - Collection Choses humaines

304 pages, parution le 10/09/2020

Résumé

La prolifération des images a pris, au cours du XXe siècle, des proportions extravagantes. Pour le dire comme Günther Anders : « Auparavant, il y avait des images dans le monde, aujourd'hui il y a "le monde en images", plus exactement le monde comme image, comme mur d'images qui capte sans cesse le regard, l'occupe sans interruption et recouvre sans interruption le monde. » D'une part, ce règne des images et son corollaire, le désintérêt à l'égard du monde tel qu'il nous est donné, est aux antipodes de l'enseignement biblique, depuis le Pentateuque et les Prophètes jusqu'aux Évangiles et aux épîtres de Paul. Le christianisme a certes promu l'image, mais pas n'importe quelles images : les conciles ont condamné « les peintures qui charment la vue et corrompent l'esprit, et allument les flammes des désirs impurs », et s'ils ont recommandé les images, c'est en tant que celles-ci s'accordent à la prédication évangélique et servent à confirmer l'Incarnation, réelle et non fictive, du verbe de Dieu dans la personne du Christ. Autant dire que le déluge d'images qui s'abat aujourd'hui sur le monde n'a rien de chrétien. D'autre part cependant, pareil déluge n'aurait pu advenir sans le statut accordé par le christianisme à l'image, sans l'enjeu dont il l'a lestée. Conjoncture étrange, dont seule une enquête généalogique est à même de dégager les traits, de révéler les tenants et les aboutissants. Le propos de cet ouvrage est, en mettant au jour certains fils enterrés, de comprendre comment a pu s'effectuer le passage entre l'image chrétienne et le raz-de-marée imagier contemporain. Une enquête historique, philosophique, théologique est donc nécessaire. Les hommes qui au VIIIe siècle, en Orient, se sont durement affrontés sur la question des images, n'étaient pas des insensés, mais des personnes plus au fait que nous de la puissance des images et des enjeux qui leur sont attachés. Voilà pourquoi les arguments échangés lors de cette querelle, ainsi que la théologie de l'image qui s'est dégagée alors, et précisée par la suite, réclament de nous attention et réflexion. Ils la réclament d'autant plus que, parmi les parmi les erreurs commises à l'égard des images qui nous viennent du passé, la plus courante consiste à les recevoir comme œuvres d'art. Or, comme l'a souligné Hans Belting, l'« ère de l'art » ouverte par la modernité a été précédée par une longue « ère de l'image », dont nous avons peine à nous faire une idée juste, dès lors que « l'histoire de l'art a tout qualifié d'art sans autre forme de procès, afin d'en revendiquer le titre de propriété, nivelant ainsi les différences ». À l'époque médiévale, il n'y avait pas d'œuvres d'art à caractère religieux, il y avait des œuvres sacrées réalisées avec art. Non seulement la pensée théologique se révèle indispensable pour appréhender correctement des œuvres qui n'étaient pas proposées à l'admiration des esthètes, mais à la contemplation des fidèles ; elle s'avère également nécessaire pour comprendre de quelle manière la transition entre l'ère de l'image et l'ère de l'art a pu s'effectuer. Le XVe siècle constitue à cet égard, en Occident, une période charnière, à laquelle nous accordons une attention particulière. Durant les premiers siècles du christianisme, l'apologétique se devait d'insister sur la divinité du Christ. Vint ensuite un temps où il n'y eut plus tant à convaincre les fidèles de la divinité du Christ, ni à la proclamer contre ceux qui la niaient, qu'à rappeler son humanité, qu'il s'était vraiment fait homme. Ce souci nourrit un mouvement vers le naturalisme : plus le Christ, son entourage et le cadre dans lequel il apparaissait étaient présentés de manière naturaliste, plus l'Incarnation de Dieu en ce monde-ci révélait son caractère « surmerveilleux ». De ce point de vue, la valeur religieuse d'une peinture se trouva, sinon indexée, du moins liée à l'art dont le peintre avait fait preuve dans le rendu des personnages, des objets et de la nature. Le passage de l'ère de l'image à l'ère de l'art ne s'est pas opéré par rupture, ni par évolution progressive, mais par la production d'œuvres à double entente, qui pouvaient tout à la fois être reçues comme images sacrées et comme œuvres d'art. L'histoire des liens entre sacré et image ne s'achève pas avec l'émancipation de l'art vis-à-vis des thèmes et prescriptions religieux. Car quand bien même la modernité serait « sortie de la religion », sortie ne signifie pas indépendance - pas plus que celui qui rejette sa famille pour aller vivre sa vie aux antipodes n'en a fini avec l'influence de ses parents, dont témoigne son éloignement même. S'imaginer définitivement quitte de la religion, ce n'est pas en être effectivement quitte, c'est plutôt s'interdire d'en mesurer l'héritage et se condamner à une forme de somnambulisme. Quoi qu'on en ait, le rapport à l'image demeure hanté par le sacré. À travers elle, une Présence se cherche. Cela vaut aussi bien pour les images photographiques ou cinématographiques, dans leur multiplication insensée : au fur et à mesure qu'elles se multiplient, la présence qu'elles tentent de capter s'évapore, et plus cette présence s'évapore, plus il faut multiplier les images pour essayer d'en capter malgré tout une bribe, en un emballement frénétique. En regard de la photographie, une autre quête de la présence dans l'image, différente et concurrente, s'est poursuivie au sein de l'art moderne - qui a mené à la peinture non figurative. Les deux mouvements - l'inflation photographique, l'abstraction - se répondent : plus le nombre des images photographiques et cinématographiques devient démentiel, au point de saturer le regard, plus la peinture est conduite, pour donner matière à voir, à prendre le contrepied. Dans ce livre, nous nous efforçons de suivre un fil. Le qui, partant de la façon dont les images ont été reçues et se sont épanouies au sein du christianisme, conduit au moment où la célébration du mystère de l'Incarnation a servi d'incubateur à l'ère de l'art, qui elle-même aboutit, après quelques siècles, à leur prolifération sans mesure, ou à l'abandon de la figuration. Le chemin n'est pas une marche aléatoire, il n'est pas non plus une ligne droite. Les modes d'intelligibilité varient mais, ce qu'à épouser les plis du terrain le propos perd en unité, il espère le gagner en vérité.

L'auteur - Olivier Rey

Olivier Rey est chercheur au CNRS, membre de l'IHPST, et enseigne la philosophie à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il a publié deux romans, dont Après la chute (2014), et plusieurs essais, dont Itinéraire de l'égarement (2003), Une folle solitude. Le fantasme de l'homme auto-construit (2014), Une question de taille (2014), Quand le monde s'est fait nombre (2018). Leurre et malheur du transhumanisme a reçu le prix Jacques Ellul 2019.

Autres livres de Olivier Rey

Sommaire

Imaginez que vous habitiez…   1.   Les débuts de l’image chrétienne   2.   Quelle image donner du Christ ?   3.   La réaction iconoclaste   4.   La justification de l’icône   5.   Aperçus historiques sur l’« aniconisme » biblique   6.   À l’image et à la ressemblance : l’image   7.   À l’image et à la ressemblance : la ressemblance   8.   Sortir de la région de dissemblance   9.   Nouveau statut de l’image 10.   Image chrétienne et transfiguration 11.   L’image chrétienne orientale 12.   L’image chrétienne occidentale 13.   Le point de vue scolastique sur l’image 14.   « C’est comme cela », « ce n’est pas comme cela » 15.   Image et parole 16.   Acheminement vers le naturalisme (i) : la doctrine de Denys l’Aréopagite 17.   Acheminement vers le naturalisme (ii) : la louange du Créateur par l’attention portée à sa création 18.   Acheminement vers le naturalisme (iii) : le miracle de la transsubstantiation 19.   Acheminement vers le naturalisme (iv) : l’insistance sur l’humanation de Dieu dans le Christ 20.   Les dangers du naturalisme (i) : la perte du symbolisme 21.   Les dangers du naturalisme (ii) : la perte du sacré 22.   La Madone Sixtine et le quipu inca 23.   De l’analogisme au naturalisme, de la mémoire à l’émotion 24.   La critique protestante 25.   Vie de la nature morte 26.   La fin de l’« histoire-d’image » de Dieu en Occident 27.   Sacralisation de l’art 28.   Situation de la peinture 29.   Le cancer photographique 30.   Les ambiguïtés de l’abstraction 31.   Les difficultés de la figuration 32.   L’art sacré aujourd’hui Bibliographie Index des œuvres citées Table
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Caractéristiques techniques

  PAPIER
Éditeur(s) Editions de la revue Conférence
Auteur(s) Olivier Rey
Collection Choses humaines
Parution 10/09/2020
Nb. de pages 304
Format 17 x 23.3
Couverture Broché
Poids 974g
EAN13 9791097497231

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