Grandeurs et défaillances de l'Allemagne du XXème siècle

À l'orée du XXe siècle, l'Allemagne était comme un pays neuf. Influence politique, force militaire, vitalité démographique, puissance économique, avance technologique, tout semblait devoir lui réussir. Elle était en particulier le pays au monde qui comptait le plus de savants et celui qui savait le mieux faire le lien entre la recherche et l'industrie. Les Paul Ehrlich, Max Planck, Fritz Haber et bien sûr Albert Einstein restent illustres à jamais. Ils sont les meilleurs témoins d'un siècle qui aurait pu être, comme l'observa Raymond Aron lors d'une conversation avec Fritz Stern, le "siècle de l'Allemagne". Hélas, celle-ci n'a pas su maîtriser les démons du militarisme et de l'arrogance diplomatique ; bien qu'une bonne partie de ses élites soit d'origine juive, elle n'a pas davantage su se garder d'un antisémitisme longtemps insidieux avant de devenir le symbole de l'horreur absolue. Elle s'est jetée dans deux guerres mondiales avec jubilation, tombant à chaque fois un peu plus bas dans l'avilissement. C'est seulement depuis 1989 qu'elle peut panser les terribles plaies que lui a infligées le XXe siècle (encore doit-elle, à présent qu'elle vit en harmonie avec ses voisins, se réunifier en profondeur). La vie d'Albert Einstein - qui forme le coeur de ce livre - permet d'évoquer les contradictions et les déchirements, les hauts et les bas, les hésitations de l'Allemagne du XXe siècle : le rôle des Juifs, la douleur des identités multiples, l'enracinement et l'exil, les ambiguïtés de la connaissance, les promesses comme les catastrophes de la science, le prix de l'amitié comme les pièges de l'amour.